mardi 22 septembre 2015

Nous autres réfugiés - Hanna Arendt

Tout d’abord, nous n’aimons pas que l’on nous traite de « réfugiés ». Nous nous baptisons « nouveaux arrivants » ou « immigrés ». Nos journaux sont destinés aux « Américains de langue allemande » et, à ma connaissance, il n’y a pas et il n’y a jamais eu d’association fondée sur les persécutés du régime hitlérien dont le nom pût laisser entendre que ses membres fussent des « réfugiés » - Hanna Arendt (For the English version, please click here )

jeudi 10 septembre 2015

Cultiver l'espoir - A Wladimir Glasman

Cher Wladimir [1]

Je ne peux pas ajouter grand-chose à ce qui a été dit de toi ces derniers temps par tes amis, les membres de ta merveilleuse famille, et par nos camarades syriens qui se sentent encore plus orphelins depuis ton départ.

Je peux par contre te dire, et je regrette de ne pas l'avoir suffisamment fait de ton vivant, combien ta générosité, ta noblesse, ton savoir, et surtout ta persévérance et ton engagement pour la Syrie m'ont inspiré, touché et appris à ne jamais baisser les bras.


Tu disais il y a presque deux ans:
"Pour comprendre ce qui se passe en Syrie, il faut écouter, avant les experts et les commentateurs, ce que les Syriens nous racontent, nous chantent ou nous donnent à voir de multiples façons. Leurs œuvres nous disent que la révolution n'est pas morte, qu'elle est mal en point mais qu'elle refuse d'être confisquée, qu'elle se poursuit autrement et sur un autre rythme, mais qu'elle ira jusqu'au bout parce que ceux qui ont goûté à la liberté ne peuvent y renoncer... 
La visite de leurs sites ne laisse pas indifférent. Elle interdit de reprendre de bonne foi les rengaines du pouvoir en place et d'assimiler ceux qui veulent avant tout récupérer leurs droits et être des citoyens à des "infiltrés", des "agents de l'étranger" ou des "terroristes". Ils ne sont que des femmes et des hommes, des jeunes des deux sexes et de tous âges, aspirant à vivre debout, à dire leurs joies et leurs peines, et à s'exprimer comme ils en ont envie. Tout simplement".

En attendant que justice soit faite pour ces syriens que tu as tant défendus, et en attendant de retrouver Damas libre où j'espère qu'une rue ou une place portera fièrement ton nom, nous continuerons - comme tu le faisais si bien - à cultiver l'espoir...

Z.M.


[1] Wladimir Glasman nous a quitté le 21 Août 2015. Ancien diplomate et fin connaisseur de la Syrie, il était l’auteur depuis 2011 du blog «Œil sur la Syrie» hébergé par le journal Le Monde et il publiait sous le nom d’Ignace Leverrier. Lire l’article de Christophe Ayad: Disparition de Wladimir Glasman, compagnon de route de la révolution syrienne